La loi de Murphy – Episode II

Texte de Nicolas Liautard et Magalie Nadaud

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Télérama Sortir : 17 avril 2023

TTT

 

Un couple sans histoires attend un enfant, mais apprend que le fœtus souffre d’un problème étrange. Pragmatisme et sciences s’imposent alors au couple (lui, chercheur en génétique, elle, scénariste), ce qui n’évite pas à la future mère de faire des rêves troublants, visions trop réelles d’un monde parallèle… À l’image de la composition morcelée de la pièce, la réalité se fragmente : des scènes filmées (pub pour un labo pharmaceutique, corruption, visions…) alternent avec des scènes dans l’appartement familial, à l’hôpital, à l’agence du médicament ou même sur un atoll polynésien, et s’assemblent comme les pièces d’un puzzle. Entre bioéthique et pouvoir, ce deuxième épisode de la série théâtrale Pangolarium, inventée par Magalie Nadaud et Nicolas Liautard, se situe treize ans avant le premier volet et dévoile peu à peu le mystère qui entoure la jeune Murphy. À quand la suite ?


Pangolarium – Episode I

Texte de Nicolas Liautard et Magalie Nadaud

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Télérama Sortir : 23 mai 2022

TTT

Couverte en partie d’écailles (proches de celles du pangolin), Murphy ne connaît du monde extérieur que les images renvoyées par un écran et se passionne pour une série sur une communauté utopiste. À la suite de la disparition de son père, avec lequel elle vivait depuis sa naissance dans un appartement (refuge ou prison), l’adolescente décide un jour de franchir la porte… Cette pièce fantastique de Magalie Nadaud et Nicolas Liautard conduit le spectateur dans des contrées insoupçonnées, de la science-fiction à la bioéthique, de l’écologie à l’utopie des phalanstères de Fourier. Pangolarium joue sur des narrations croisées, cultive la confusion entre réalité et fiction et déploie pour ce faire des procédés ambitieux : espaces numériques pour les différents lieux (salon, bureau ou forêt) ; diffusion sur grand écran de la série filmée ; créations sonores… Un spectacle entre étrangeté et questionnement philosophique.

 


Le canard enchaîné : 04 mai 2022

Bêtes de scène

 

Le bizarre petit bijou que voilà... Il se présente pour "tout public dès 9 ans", mais la très subtile "Ferme des animaux" d'Orwell n'était-elle pas aussi une fable "tout public" ? On y voit un homme seul dans son appartement, au 36ème étage d'une tour, et derrière lui la télé diffuse en boucle des images de catastrophes, incendies, inondations, dont on ne sait si elles sont d'archives ou des plus actuelles... Une jeune fille apparaît, la merveilleuse Sarah Brannens, tout en vivacité et en fraîcheur et en joie de vivre, qui n'a pas l'air de se rendre compte que son bras gauche déformé par de monstrueuses écailles n'est pas le lot de tous les enfants (mais on comprend qu'elle vit recluse et n'a jamais rencontré d'autres enfants). Il est question d'un grand laboratoire pharmaceutique qui cherche à tout prix à mettre en vente la neurothésine, un médicament aux effets plus que controversés... Et aussi d'une société libertaire autarcique, la Colonie, qu'il faut rejoindre après un long voyage initiatique, et dont se demande si elle est imaginaire ou pas.

On voit aussi s'inviter sur scène le vieux Gandalf, l'un des héros du "Seigneur des anneaux" et un Stormtrooper tout droit sorti de "Star Wars"...

Il y a des ellipses, des non-dits, des choses que le spectateur est libre de deviner, d'interpréter, de se raconter. Il y a des écrans pas super-fétatoires, cinq bons comédiens, une précision lumière-musique-décor chirurgicale. Qu'est-ce qui est réel et qu'est-ce qui ne l'est pas ? Le passage du réel à l'utopie est-il introuvable, ou suffit-il d'oser s'aventurer dans la nuit, au profond d'une forêt primaire ?

Bref : à aucun moment cette pièce écrite et mise en scène par Nicolas Liautard et Magalie Nadaud ne verse dans la facilité. On se demande au contraire comment des enfants de 9 ans peuvent ne pas se sentir débordés. Et pourtant, rien qu'à les voir : ils sont ravis. Comme nous !


Sceneweb : 22 avril 2022

C’est un spectacle hybride et mutant qu’ont conçu Nicolas Liautard et Magalie Nadaud. Une pièce qui résonne étrangement avec l’époque et aborde des sujets d’une actualité saisissante. Pangolarium superpose les pistes narratives, les écrans virtuels à la réalité du plateau pour mieux nous immerger dans son univers et nous inviter à la réflexion. Un an qu’on l’attendait ce spectacle intrigant, rescapé de multiples annulations et d’une année covidée dont on essuie encore les plâtres. Un an qu’il attendait de dévoiler enfin au public sa fable troublante aux allures prophétiques.

 

Une adolescente vit cloîtrée chez elle, seule avec son père, au 36ème étage d’un immeuble. Elle ne connaît du monde extérieur que le ciel de sa fenêtre et ce qu’elle en apprend via les livres qu’elle compulse et internet, source infinie de connaissances. Curieuse, éveillée et particulièrement intelligente pour son âge, elle ne cesse de surprendre son père par ses questionnements et la maturité de sa pensée. Dotée d’un bras recouvert d’écailles, on suppose que son confinement est lié à sa difformité physique, à cette hybridation avec l’animal surprenante.

 

Mais nous n’en dirons pas plus ici, il serait dommage de spoiler un spectacle tout de mystère charpenté qui avance ses pions au compte-goutte, sème ses indices autant que ses énigmes et de ce fait, captive de bout en bout. D’autant plus qu’il s’agit là d’un premier épisode qui nous tient suffisamment en haleine pour qu’on ai envie de découvrir la suite au plus vite. Mais il faudra patienter tout de même. Imaginé à quatre mains par Nicolas Liautard et Magalie Nadaud, Pangolarium s’ancre dans le monde d’aujourd’hui tout en ayant l’air d’évoquer le futur. Avec ses airs de science-fiction, ses références à la pop culture, son dispositif numérique superposant les écrans, il impose une esthétique extrêmement léchée et technologisée peu fréquente dans la création jeune public. Visuellement, c’est remarquable. Le film projeté dont les génériques ouvrent et clôturent le spectacle happe d’emblée. La scénographie judicieuse (très belle réalisation de Damien Caille-Perret) nous mène de la cuisine de l’appartement à l’obscurité de la forêt en passant par la salle de réunion de l’agence où travaille le père généticien. Elle accompagne le parcours d’éclosion de la jeune fille qui passe du dedans au dehors comme une sortie de chrysalide inattendue. Tous les éléments de la mise en scène concourent à mettre en espace les mutations à l’œuvre dans le récit et démultiplier l’un des sujets forts de la pièce abordé lors des conversations en tête-à-tête de la fille avec son père : le vrai et le faux ne sont pas si aisément discernables et les mécanismes de la croyance nous font parfois naviguer en eaux troubles. En cela, le spectacle déroule son intrigue et ses différentes strates comme un polar, aucun dialogue n’est anodin, le spectateur est tenu en haleine.Pris dans une posture contradictoire entre la fascination pour cette histoire énigmatique et une activité cérébrale intense pour reconstituer le puzzle narratif, le public est à la fois hypnotisé et actif.

L’histoire, fantastique, ludique et philosophique, déploie ses arcanes avec intelligence et poésie tandis que la multitude des références qui la composent, du cosplay à L’Iliade et L’Odyssée, en passant par un poème d’Edgar Poe, les écrits de Buffon, Charles Fourier ou La Vie des abeilles de Maeterlinck, tisse une toile fascinante où puiser matière à rêverie autant qu’à réflexion. Ce spectacle, remarquablement mené, est d’une beauté troublante.


La cerisaie

Texte de Anton Tchekhov

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Toutelaculture.com : 18 janvier 2019

A la Tempête une réussie et renouvelée Cerisaie fidèle à Anton Tchekhov

Nicolas Liautard et Magalie Nadaud montent dans la grande salle de la Tempête, La Cerisaie. Ils réinventent pour notre plus grand plaisir la dernière pièce de Anton Tchekhov, une pièce dense, drôle et en même temps amère.

Tchekhov est déjà très malade lorsqu’est créée au Théâtre d’Art de Moscou ce qui sera sa dernière pièce : La Cerisaie. Le grand Stanislavski, professeur d’art dramatique en est le metteur en scène. Il écrit au créateur de la Mouette : La Cerisaie est votre meilleure pièce. Je m’y suis attaché encore plus qu’à notre chère Mouette. J’ai pleuré comme une femme. Je vous entends dire que c’est une farce, mais pour un homme simple c’est une tragédie. Anton Tchekhov aura en effet asséné jusqu’à son dernier souffle que La Cerisaie est une comédie.

Nicolas Liautard le sait et la volonté de Tchekhov est présente dès avant la pièce. Alors que le public souriant s’installe, sur le grand plateau de la Salle Serreau les comédiens déambulent, s’assoient, se relèvent, jettent des regards vers la salle. Lopakhine surveille sa montre. La troupe s’impatiente à nous raconter son histoire, à transmettre son témoignage. Ainsi commence malicieusement cette Cerisaie. La comédie est en marche et le public son complice. Le plus impatient est Lopakhine, bien sûr car il est le personnage le plus nostalgique.

 

La Cerisaie est le nom d’une propriété où l’élégante Ranevskaïa et son frère ont passé leur enfance. A son retour de Paris, Lioubov Andréïevna Ranevskaïa doit se rendre à l’évidence. Il faut vendre son domaine et, avec lui ce verger à cerises qui en fait le raffinement, la beauté et la célébrité à travers la Russie. Lopakhine, ancien serf devenu marchand, l’achètera. Il en abattra les arbres pour construire des résidences hôtelières car pour lui ancien serf, posséder cette Cerisaie exige d’en détruire la beauté. Ainsi, en 1904, Tchekhov met en scène la fin du monde aristocratique et l’entrée triomphante d’une classe d’entrepreneurs. Lui-même mourra quelques mois plus tard.

Nicolas Liautard a choisi de transposer l’histoire de nos jours. La thématique de la fin de servage en Russie ne souffre en rien de l’anachronisme car notre époque contient les ferments d’une crise qui serait en préparation sous nos yeux par la métamorphose de nos sociétés, par la mondialisation, par les mutations sociétales, en un mot une crise analogique à celle de la Russie et qui signe la chute en marche d’un ancien monde.  Ainsi, transplanté aujourd’hui et fort de l’adaptation de Nicolas Liautard, le propos de Tchekhov acquiert une puissance nouvelle. Et tout ce propos est devant nous : La transformation des termes de l’échange, la dislocation des classes sociales, la primauté du foncier, la grande vulnérabilité de la valeur famille et bien sûr la nostalgie triste pour ce qui disparait.

 

Le décor dépouillé et unique tout au long des quatre actes nourrit le geste. La scénographie est quasi invisible sauf quelques motifs minimalistes mais percutants. Au fond du plateau un voile cache le hors champ et aussi ce passé, objet des conversations, qui bataille à se dévoiler. Tout rappelle le vide jusqu’à la gesticulation artificielle de la fête d’adieu. Nos imaginaires sont pleins de ce vide-là colonisé par la formidable performance des comédiens. 

 

Sarah Brannens (applaudie dernièrement dans Notre innocence de Wajdi Mouawad) confirme son talent d’occuper l’espace par son physique délicat et fragile, elle est Ania. Sourire chaleureux au coin des lèvres, Jean-Yves Broustail le frère de Ranevskaïa compose une partition émouvante en duo avec Nanou Garcia la sœur. Cette merveilleuse comédienne souffle sur toute la pièce la nostalgie et le désespoir. Elle interprète le faux semblant avec une incroyable dextérité. Sous nos yeux, elle est bouleversante. Nanou Garcia joue Lioubov Andréïevna Ranevskaïa mais on ne voit que Ranevskaïa jouant la comédie pathétique et puérile du bonheur. Brillante et généreuse la comédienne s’efface sous sa composition. Ce dispositif virtuose donne à chacune de ses confessions intimes une authenticité rare, et poignante. Épousant le même biais, Émilien Diard-Detoeuf joue un admirable Lopakhine.  On se souvient de la performance de Jérôme Kircher (mise en scène Alain Françon en 2009) dont l’acteur prend dignement la suite. Jeune, dynamique, le corps tendu, il est traversé par le désastre de cette fin de monde sans jamais plier, et lorsqu’il dit sa sidération angoissée d’avoir renversé sa classe sociale, sa tirade dévoile l’authentique Lopakhine. Il est au cœur, serré, d’une secrète nostalgie pour un temps où il était moujik. Il ose avouer sa peur devant ces temps eschatologiques. Le moment magique est à fendre l’âme. Du côté des domestiques Thierry Bosc, immense acteur, est un délicat et poignant Firs, majordome cacochyme et tendrement résigné. Jade Fortineau est une Douniacha parfaite, criante de vérité tandis que Emel Hollocou est une clownesque Charlotta. Marc Jeancourt défend avec brio un hilarant Epikhodov. Nicolas Roncerel est un magnifique Yacha.

Finissons d’encenser la pièce en signalant que les interactes sont animés par des intermèdes musicaux épatants, et que la fête dansée est emmenée par un irrésistible Fabrice Pierre (Pichtchik).

 

L’ensemble est un spectacle drôle et enthousiasmant plié sur une comédie amère nous offrant de réfléchir autrement. 


Après la répétition

Texte de Ingmar Bergman

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L'Obs : 25 mai 2017 (N°2742)

Bergman comme il faut

Le spectacle ne se donnera plus très longtemps. Raison de plus pour y foncer à toute berzingue. C'est l'adaptation du film (superbe) de Bergman tourné en 1983. Sous prétexte de rechercher un bracelet perdu en cours de répétition, une jeune actrice, Anna Egerman, revient au théâtre. Elle en profite pour s'entretenir seule à seul avec le metteur en scène Henrik Vogler. Peu à peu la conversation s'égare. Diriger une actrice, c'est se couler dans son âme. Et quand elle est aussi émouvante qu'Anna, on est troublé, inévitablement. D'autant que le trouble semble réciproque. Mais voici qu'entre eux s'interpose une ombre, celle de Rakel, la mère d'Anna, actrice elle aussi, qui fut un temps la maîtresse d'Henrik et mourut déchue, dévastée par l'alcool, la cervelle fêlée. A son tour Anna s'offre à lui. Mais se rappelle soudain qu'elle est attendue à la radio. Rendu à sa solitude, Henrik ne sait ce qui, du soulagement ou de la déception, l'emporte dans son esprit. Entouré de deux actrices magnifiques, Sandy Boizard et Carole Maurice, Nicolas Liautard ne se contente pas de tenir le rôle du metteur en scène, il a mis le spectacle en scène pour de bon. Avec un talent éblouissant. Tous trois jouent de façon intimiste, sans forcer la dose d'un iota. On n'est pas face à eux mais avec eux. L'unisson est total. Une fois encore le film de Bergman prouve sa théâtralité. Car on l'a déjà porté à la scène. Mais jamais avec une telle justesse.


Le Figaroscope : 10 mai 2017

Nicolas Liautard met en scène le scénario du grand cinéaste suédois, Après la répétition. Une exploration de l'art dramatique et des passions qu'il suscite. Il joue lui-même, entouré de Sandy Boizard et Carole Maurice. Un très beau travail.

Quelle belle soirée de théâtre ! Après une répétition, le metteur en scène Henrik Vogler dialogue avec sa jeune comédienne Anna Egerman, venue pour lui parler. Autrefois il a été l'amant de sa mère, grande comédienne, qui s'est éteinte après mille doutes sur son art et une fin de vie déchirée et malheureuse. On discute théâtre, bien sûr, et des mille difficultés du rôle qu'elle interprète. Mais très vite, la conversation prend une autre tournure et Anna confie la haine qu'elle éprouvait pour sa mère. Cette mère qui, elle aussi, avait joué ce rôle il y a bien des années.

Ceux qui ont vu le film télévisé d'Ingmar Bergman, tourné en 1984, ne seront pas surpris par cette histoire. On pourrait en ce sens penser, devant cette nouvelle manie en France qu'ont les metteurs en scène de transposer des films en pièce de théâtre, que c'est une idée bien absurde qu'a eue Nicolas Liautard. Mais ce serait oublier qu'avant d'être un grand réalisateur de cinéma, Ingmar Bergman fut un metteur en scène de théâtre passionné.

D'ailleurs, ce n'est pas la première fois qu'Après la répétition est porté à la scène. En 1997, à la Renaissance, le trio était interprété par Bruno Cremer, Anna Karina et Garance Clavel. En 2008, au Théâtre de l'Athénée, Didier Bezace était entouré de Fanny Cottençon et Céline Sallette dans une mise en scène de Laurent Laffargue.

Il faut dire que le scénario d'ingmar Bergman est une véritable pièce de théâtre et ses personnages ont une humanité, une vérité, qui valent bien celles de Strindberg ou d'Ibsen pour ne parler que des Nordiques. C'est même assez incroyable de voir à quel point l'écriture est théâtrale. C'est comme un monde retourné : à l'heure où l'on ne peut quasiment plus voir une pièce sans projection cinématographique sur la scène, c'est ici le dialogue seul qui fait le bonheur du spectacle !

Qualité d'écoute

Certes, l’œuvre n'est pas linéaire et le procédé théâtral qui consiste à entrecroiser le passé avec le présent pourrait être gênant, mais c'est d'une telle force qu'on l'accepte pleinement. L'intelligence de ce qui est dit (sur la vie comme sur le théâtre), la subtilité des sentiments, l'ambiguïté des rapports, tout concourt à une écoute qu'on ne lâche pas. Et puis il y a les trois comédiens... Nicolas Liautard lui-même d'une justesse parfaite. Et, encore, ses deux partenaires. La jeune Carole Maurice est, elle aussi, très juste, mais la vraie révélation c'est Sandy Boizard, incroyable de force dans le rôle de la mère. Comme quoi la règle qui veut qu'un metteur en scène qui joue dans son propre spectacle gâche pour beaucoup son travail est ici battue en brèche.

Après la répétition au Théâtre de la Tempête est une vraie réussite, mieux, un pur plaisir. Le théâtre, grâce à Nicolas Liautard, dame vraiment son pion au cinéma. Il a la supériorité irremplaçable du vivant.


Toutelaculture.com : 2 mai 2017

On se souvient de lui le poignant  Scènes de la vie conjugale à la Colline. Nicolas Liautard revient cette fois au Théâtre de la Tempête avec un autre texte de Bergman, Après la répétition. Trois êtres, deux combinaisons à explorer et toujours pliée et dépliée, nous sommes chez Bergman, la tragédie de l’amour. Nicolas Liautard est à la barre et le voyage est remarquable.
La scène de la salle Copi est vide, trois enceintes sono posées sur des tables, trois chaises et deux bureaux, nous sommes dans une régie, les voix nous viennent des hauts parleurs. Metteur en scène vieillissant, Henrik Vogler est toujours animé par le feu de la passion théâtrale. Il ressent une profonde attirance pour ses deux comédiennes. L’une est jeune et passionnée, l’autre est une femme d’age mur rongée par l’alcool. Plongé dans ses pensées, le metteur en scène entre en scène, il est surpris par le retour de la jeune Anna. Il a été autrefois l’amant de sa mère, Rakel et pourrait bien être son père. La conversation s’engage sur le théâtre, le jeu d’acteur et respect du texte…
Nicolas Liautard, metteur en scène se glisse dans le propos de Bergman lorsqu’il traque les moindres frémissements du désir et ceux de la frustration. Nous sommes aujourd’hui plus de quarante ans après le film de Bergman. Le film sort dans l’onde de choc de 68 et de ce qu’on appellera la révolution sexuelle, mouvement essentiellement marqué par l’émancipation sexuelle des femmes, l’affirmation de l’égalité des sexes et la reconnaissance des pratiques sexuelles libérées de la charge de la procréation et du cadre obligé du foyer conjugal. La lecture moderne de Liautard évite l’anachronisme, se débarrasse de la question féministe car ce qui aujourd’hui  l’intéresse est l’intime de l’intime; et il parvient, aidé par deux comédiennes sacrement talentueuses et  précieuses à saisir ce moment où la vérité de l’individu se dévoile à l’autre. Si Scènes de la vie conjugale interrogeait le corps qui lorsque traversé par le discours amoureux devient d’obscène et pathétique, Après la répétition en amont à ce corps pourchasse l’instant où le baiser qui va être donné à l’autre est encore à peine une idée, seulement un lointain pressentiment. Son Scènes de la vie conjugale se devait pornographique, son Après la répétition est délicat et subtil.
Avec Liautard, l’enchâssement du lien comédienne-metteur en scène avec le lien amoureux signe une mise en scène efficace où on ne veut pas savoir où commence la scène et où commence la vie. Le temps semble comme bloqué par une intrication et des paroles polysémiques et des voix enregistrées. Le ratage des rapports humains est partout et il renvoie au semblant des paroles dites et de la difficile mais indispensable convocation de ce qui selon Bergman fait tiers et auquel il faut chaque fois revenir : le texte. Bien sûr, Jouvet écrivait qu’au théâtre tout le monde ment sauf le texte. Mais un texte non dans sa littéralité mais riche de son équivoque. Dans cette équivoque et ce ratage, Liautard construit autour de l’œuvre de Bergman un théâtre vrai cependant que littéraire.


Balthazar

Texte de Nicolas Liautard

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Télérama sortir : 10 octobre 2016

Un garçon que l'on traite d'âne ; un petit âne que l'on cajole comme un enfant ; et voilà que le premier devient muet et que le second se met à parler… Sur le thème de l'influence du regard de l'autre sur le devenir d'un être, la nouvelle création de Nicolas Liautard pour trois comédiens et un animal parlant (le très bel âne Apollon) raconte à la façon d'une fable onirique des fragments de vie ou de souvenirs de ces deux figures de l'âne (l'un est devenu projectionniste, l'autre vedette de cirque). Les scènes, tantôt visuelles (ombres et lumières comme un mirage), tantôt contées (parfois murmurées comme une confidence), mimées ou jouées, flirtent avec des registres très différents, allant du poétique au clownesque. Deux versions selon l'âge des enfants pour une forme ouverte, plurielle, à la croisée du cinéma et du théâtre.


La terrasse : 30 août 2016

Nicolas Liautard poursuit sa recherche d’un théâtre toute génération avec les aventures de Balthazar, l’âne qui parle. Une fable visuelle, pour petits et grands, sur le pouvoir de transformation du regard de l’autre.
Le nouveau spectacle de Nicolas Liautard croise deux histoires : celle d’un petit garçon qui a renoncé à la parole après avoir été traité d’âne par son instituteur, et celle de l’âne Balthazar, qui, entouré d’affection, s’est mis à parler. Le premier, devenu adulte, travaille comme projectionniste dans un vieux cinéma. Le second triomphe sur les scènes du monde entier. Au fur et à mesure du temps, sous les effets conjugués de l’intérêt des autres et de la capacité autoréalisatrice à incarner l’image projetée par le regard d’autrui, l’homme s’est fait âne et l’âne s’est fait homme. « Dans un monde où la plupart des hommes parlent comme des ânes, pourquoi un âne ne parlerait-il pas comme un homme ? »
Bête de scène.
Cette fable visuelle, qui sonde l’influence du regard de l’autre dans la construction de soi, s’inscrit dans la lignée du travail de Nicolas Liautard sur la présence irradiante de l’animal sur scène : la qualité de la représentation sera fonction du bon vouloir de l’âne Apollon, acteur essentiel de ce spectacle !


Webtheatre : 10 octobre 2016

Sous la forme d’un conte, cette création évoque deux destins parallèles. Celui d’un jeune garçon médiocre à l’école, contraint par son instituteur de porter parfois un bonnet d’âne, et celui d’un animal bien vivant issu de cette lignée animalière à l’origine bien involontaire de ce couvre chef humiliant. L’écolier a grandi, il est devenu projectionniste dans un vieux cinéma, privé d’expression orale, utilisant ses temps libres à l’écriture d’histoires fantastiques peuplées d’animaux dans un cahier issu de son enfance. De son côté, l’âne Balthazar, choyé et adulé depuis sa naissance, a miraculeusement trouvé l’usage de la parole humaine, puis accède à la lecture, et se produit dans un cirque en ayant acquit une petite dose de philosophie. Ainsi se présente cette nouvelle création de Nicolas Liautard, à l’intention de “ toutes les générations ”, dans le prolongement d’orientation de ses adaptations et mises en scènes précédentes dans ce registre, Littlematchseller (La Petite marchande d’allumettes) et Blanche Neige sous une forme muette. Ici, les trajectoires des deux protagonistes sont évoquées pour l’un dans sa rencontre avec un ancien camarade d’école, pour l’autre par un clown partenaire de cirque, en croisant les formes théâtrales dans les interprétations des trois comédiens portant parfois des masques, avec la présence remarquée de l’âne Apollon qui confère au spectacle une vraie réalité. Mais, dans l’espace bordé de rideaux de tulle blanc, musiques, ombres et lumières, projections vidéo concourent à la rencontre de ces deux pôles en offrant une relation visuelle sensorielle, croisant les temporalités. Si certaines séquences affichent parfois une substance vaporeuse, cela n’altère pas l’adhésion des petits et grands enfants heureux d’avoir partagés une aventure hors de sentiers battus.


Scènes de la vie conjugale

Texte de Ingmar Bergman

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La terrasse : 21 novembre 2014

Dans le prolongement de Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé, Nicolas Liautard propose une mise en scène saisissante de vérité à partir du téléfilm bergmanien. Le mentir-vrai du théâtre y fait la preuve de sa force subjugante ! 
La vie conjugale sous la loupe de Nicolas Liautard

De l’écran du masque social à la complexe réalité de la vie de couple : Ingmar Bergman a analysé avec une maestria confondante les aléas de l’amour et Nicolas Liautard fait de la scène de théâtre le lieu impressionnant et touchant de cette autopsie de l’amour, si humain et si imparfait. Cette réussite doit beaucoup à une sorte de naturalisme aiguisé, condensé, radical, débarrassé de tout superflu et de toute insignifiance, comme une mise à nu qui s’aventure sans détour jusqu’au terrain de l’intime et du désir, et fait surgir la vie même dans toute sa densité, son intensité et ses contradictions. C’est sur les six épisodes destinés à la télévision (1973), écrits en trois mois et tournés dans des décors rudimentaires, – Innocence et panique, L’art de cacher la poussière sous le tapis, Paula, La vallée des larmes, Les analphabètes et En pleine nuit dans une maison obscure quelque part sur terre -, que Nicolas Liautard fonde sa mise en scène, caractérisée aussi par une simplicité dépouillée, une absence de sophistication, de contextualisation et de temporalité, si ce n’est celle de notre époque. Il réduit au minimum l’artifice théâtral, tout en affirmant dans la pièce même la dimension de recherche artistique du théâtre, une dimension concrète et artisanale liée à la quête tenace de la forme et du jeu justes, et ce parti pris inscrit le jeu à un endroit approprié rassemblant acteurs et spectateurs.
Sincérité totale

Sur le plateau, à travers une suite de séquences saisissantes traversant vingt ans d’existence, la pièce révèle avec une vérité sidérante les imprévisibles méandres de la vie conjugale de Johan, enseignant à l’Institut psychotechnique, et Marianne, avocate spécialisée en droit de la famille, parents de deux filles. Au-delà du miroir, l’œuvre met à jour toute l’amplitude et la puissance des sentiments et des désirs, toute la fragilité et la force des personnes, tous les écarts et toutes les bagarres entre soi et projections de soi. En ouverture les deux couples d’amis – Johan et Marianne, sereins, Katherine et Peter, explosifs – regardent  un reportage aussi gentil qu’un Disney, qui célèbre le bonheur conjugal de Johan et Marianne. Ce bonheur bientôt vole en éclats, lorsque brutalement Johan annonce qu’il part avec la jeune Paula. Epurée, ciselée, la forme s’appuie sur le remarquable jeu des acteurs, profondément engagés, sur une langue de l’ici et maintenant, en partie improvisée, sur une sincérité totale. Fabrice Pierre (Johan) et Anne Cantineau (Marianne) sont impressionnants. Inutile de dire que l’implacable et bouleversant sentiment de vérité qui se dégage de ce jeu théâtral sans distance, sans surplomb aucun, facilite les processus d’identification en tous genres. « Si tu me fais ça, je te tue », murmure une spectatrice à l’oreille de son voisin. Bien au-delà de l’anecdote, le théâtre se révèle ici dans son incroyable pouvoir de questionnement et de proximité, par le talent conjugué du metteur en scène et des comédiens.


Les trois coups et france culture

L’extraordinaire ordinaire de la vie

« Jusqu’où peut-on aller dans la déchéance ? ». La question posée par un des personnages dans les premières minutes de Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman, mis en scène par Nicolas Liautard, donne le ton. Quatre heures durant, le public de La Scène Watteau observe un homme et une femme s’aimer, se désunir, se déchirer et se meurtrir. Une tranche de vie ordinaire interprétée par des comédiens époustouflants dont nous sortons littéralement ébranlés.

Après Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé, adaptation du Mépris de Jean‑ Luc Godard, Nicolas Liautard et son équipe s’intéressent au texte d’Ingmar Bergman, Scènes de la vie conjugale. L’exploration de l’être humain dans toutes ses complexités comme mot d’ordre. Cette pièce nous amène à découvrir vingt ans de la vie de Johan (Fabrice Pierre) et de Marianne (Anne Cantineau) à travers six tableaux. Vingt ans d’amour et de désamour. Vingt ans de complicité et d’incompréhension. Vingt ans de vérités et de mensonges. (…)

Bergman serait sans doute ému par la mise en scène de Nicolas Liautard. Lui qui voulait que la création théâtrale fût « pleinement vivante » et que le spectateur « la [sentît ] vivre en son cœur et en son esprit ». Pari gagné ! Toute la difficulté, semble-t-il, réside dans le fait de gommer le théâtre. Faire disparaître le jeu. Jouer à ne pas jouer. Jouer à être soi-même. L’universalité du propos, les choix scénographiques, l’interprétation des comédiens, tout concourt à cela pour que seule sur le plateau demeure, puissante, la vérité. Notre vérité à tous : celle qui dénonce nos faiblesses, nos contradictions, bref, notre humanité. (…)

Bien entendu, la magie n’opérerait pas sans la virtuosité des interprètes. Quelle leçon ! Fabrice Pierre et Anne Cantineau sont bouleversants. Ils nous touchent, nous émeuvent, nous brassent, nous remuent, nous bousculent, nous dérangent. On imagine leur épuisement au sortir de la représentation. Ils donnent tout. Sans concessions.

(…) le théâtre est bel et bien là pour faire naître l’émotion. Dès lors, on remercie Nicolas Liautard de ce grand moment de vie.


TLC toute la culture

(…) l’adaptation de Nicolas Liautard est géniale. Fidèle à Bergman et à son époque (rappelée par la télévision que les personnages regardent de leur salon), il attrape l’histoire par le réel, le présent et la gestion de la pulsion. Par le jeu des comédiens, nous assistons à la recherche erratique du bonheur et à la tragique fragilité des individus emprisonnés dans un discours ambiant qui cherche à tout expliquer. (…)

Les acteurs ici sont remarquables d’humanité. Tout à la maitrise de cette pulsion qui doit se discipliner par la parole, ils savent nous rendre compte de ce que Johan l’âme en peine va finir par avouer : je suis un analphabète des sentiments.

Anne Cantineau (Marianne) et Fabrice Pierre (Johan) sont incroyables de justesse. Nous applaudissons leur interprétation si juste, leur immense talent, leur générosité et leur courage. Les presque quatre heures passent comme un éclair. Notons aussi les performances de Nicolas Liautard (lui-même) de Michèle Foucher de Sandy Boizard et de Nanou Garcia. (…) Clairement dit, cette pièce magnifique parle de l’humain et il faut y aller car c’est une expérience très forte !


Il faut toujours terminer qu’est-ce qu’on a commencé

Texte de Nicolas Liautard

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La terrasse : 10 janvier 2014 (N° 217)

A partir des histoires qui nourrissent Le Mépris (roman et film), Nicolas Liautard, directeur artistique de La Scène Watteau à Nogent, parvient à construire une œuvre captivante, une sorte de chambre d’échos qui questionne personnages et spectateurs avec acuité et humour.
S’appuyant sur le roman Le Mépris d’Alberto Moravia (1954), sur le film de Jean-Luc Godard (1963), sur La Divine Comédie de Dante, et sur Pétrarque, Nicolas Liautard compose une pièce captivante, traversée d’humour, nourrie de multiples effets de miroir et de résonance entre les œuvres, les personnages et les thèmes. L’amour, l’art et la connaissance sont alliés… Il jongle avec les identités et la trame narrative, revisite ironiquement l’épopée d’Ulysse, et met en lumière avec finesse le parallèle entre la crise du couple et le renoncement artistique, la dialectique entre les instincts et la raison, les écarts entre ce que l’on désire et ce qui advient à l’épreuve du réel, générant compromissions et malentendus. Dans un dispositif bi-frontal, sous le regard des spectateurs et sous celui des protagonistes qui observent l’action tel un jury, tout commence par un entraînement de boxe entre deux femmes ; l’une arbore des tatouages d’animaux, qui rappellent les bêtes féroces ayant empêché le poète de gravir la colline dans l’œuvre de Dante. Quels obstacles surmonter, quels combats mener pour arriver à être soi ? La question se pose pour chacun, et singulièrement pour les artistes, dans un monde régi par l’argent et la consommation, où il s’agit de faire une place à l’acte de création. Il s’agit aussi de faire représentation de cet entrelacement d’histoires et de ces répercussions profondes et diverses, et le metteur en scène y parvient haut la main !
« Tu n’es pas un homme… »

Coup de projecteur sur le couple mythique. Lui, auteur de théâtre, accepte d’écrire un scénario pour un producteur américain, en collaboration avec l’allemand Wolfgang, afin de payer le crédit de sa maison. Il s’agit de porter à l’écran L’Odyssée, avec son lot de « naked women, wizards, monsters… » (on sait que les producteurs américains du film de Godard avaient tenu à ce qu’il y ait des scènes de nu avec Bardot). Tous partent à Capri dans la villa du producteur. Elle, Béatrice, sans réelle occupation, veut dormir seule. Elle avoue à son mari qu’elle ne l’aime plus et le méprise. « Tu n’es pas un homme… » Le point de vue de Wolfgang sur L’Odyssée ancre le mythe dans l’intime et la modernité : c’est selon lui l’histoire « d’une incompatibilité conjugale » entre Ulysse et Pénélope. L’époux et auteur affirme au contraire vouloir s’attacher à la langue sublime des poètes, au bleu de la Méditerranée, aux récits grandioses, et finalement il appréhende de mieux en mieux ses soucis amoureux et artistiques. Pas de héros ici, mais des êtres en recherche de vérité, des brèches de questionnement qui s’ouvrent. La rencontre dans un parking avec le fantôme homérique, nu, casqué et lance à la main, est vraiment drôle. Le jeu des acteurs très tenu, la mise en scène soigneusement travaillée, la combinaison artisanale et modeste des effets du théâtre font de cette interprétation scénique vivante et personnelle une très belle réussite.


Blanche Neige

Spectacle muet librement inspiré de la tradition populaire

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Pariscope : 20 janvier 2010

Le choc ! Dans ce Blanche Neige, Nicolas Liautard, le metteur en scène, n’a qu’un seul but : séduire nos progénitures en laissant libre cours à leur interprétation. Cette pièce est un livre ouvert, une suite de tableaux d’une beauté incommensurable. L’histoire est racontée avec une vérité déconcertante… et ça passe ! Des images, pas de dialogues. Nicolas Liautard a su saisir l’essence même des thèmes abordés dans le conte des frères Grimm. Tout y est, la mère qui meurt en couches, le bourreau dépeint sous une forme abjecte, la reine qui dévore sous nos yeux le cœur de sa belle-fille… C’est une version méconnue qui nous est livrée ici. Les adultes sont-ils interpellés ? Oui, certainement… Une chose est sûre, les enfants aiment. Ils commentent les situations, réagissent et déballent tout cru leurs impressions (c’est énorme !). Des griffes de sa belle-mère à la rencontre salvatrice avec les nains, on suit avec attention les aventures de la belle Blanche Neige. Sublimés par les lumières de Bruno Rudtmann, Pauline Acquart, Julien Campani, Jürg Häring et Marion Suzanne sont excellents. Leur jeu est parfait. Dans sa mise en scène, Nicolas Liautard mêle judicieusement vidéo, marionnettes, animaux… Un projet fou, totalement réussi ! Ce Blanche Neige est un message adressé à toutes les filles et à leurs mères. Une adaptation drôle et fantaisiste, d’une justesse incroyable. Un gros coup de cœur !


Leparisien.fr : 12 janvier 2012

Cette Blanche Neige va vous surprendre
Le rideau se lève dans le respect des premières lignes du conte : une reine coud près d’une fenêtre en bois d’ébène, un jour d’hiver. La pièce commence et, sur scène, c’est un véritable défilé de tableaux, avec une dominante de blanc, pour rappeler la pureté de l’héroïne. Surprise : pas de texte, pas de dialogues, juste le visuel et les sons. Un pari osé pour le metteur en scène, qui souhaite que sa pièce soit le plus réaliste possible. Il reprend toutes les scènes du conte, de l’accouchement de la mère de Blanche-Neige, à l’arrivée du prince près du cercueil de verre, en passant par celle où les sept nains recueillent la jeune fille chez eux… Le désir de Nicolas Liautard, c’est de rester fidèle au texte d’origine, qu’il soit compris sans que les acteurs n’aient besoin de prononcer un mot. Il utilise un jeu de lumières, de vidéos, de marionnettes et de sons pour faire de sa pièce quelque chose vivant et de dynamique, car une pièce sans dialogues, c’est un risque à courir. Un spectacle d’une heure pour toute la famille.


Télérama : 22 décembre 2011

Blanche-Neige revisitée sur Arte
Mise en scène muette, jeux de lumières inventifs, le Blanche-Neige de Nicolas Liautard surprend et émerveille.
Une reine coud. La lumière s'éteint. Quand elle se rallume, la même reine est en train d'accoucher. L'enfant qui naît se prénomme Blanche-Neige, et nul n'est censé ignorer son histoire. Pourtant, ce spectacle entièrement muet émerveille et surprend. Derrière des voiles transparents, les tableaux vivants se succèdent comme dans un livre d'images dont on tournerait les pages. Ils découvrent des scènes tour à tour tristes (la mort de la reine en couches), cruelles (la marâtre dévorant un cœur qu'elle pense être celui de Blanche-Neige), féeriques (l'arrivée du prince avec un véritable cheval blanc) ou drôles (le quotidien de l'héroïne dans la maison des nains, avec le mini réfrigérateur, le mini-aspirateur...), toujours superbes. Si tous les moments clés du récit sont là, le metteur en scène Nicolas Liautard revisite le conte des frères Grimm sur un mode intimiste, laissant un peu de côté la rencontre avec les nains. La gracieuse gestuelle des acteurs, les magnifiques jeux de lumière, les bruitages inventifs racontent avant tout l'histoire d'une rivalité tragique entre deux femmes. Une invitation au rêve, pleine de grâce, doublée d'une réflexion profonde sur les rapports (belle-)mère-fille.


Le parisien : 24 décembre 2011

Le Blanche-Neige de La Scène Watteau sur Arte
Une implosion dans le noir et la reine apparaît dans la lumière en train de coudre. C'est la scène inaugurale du Blanche-Neige mis en scène par Nicolas Liautard, directeur artistique de la Scène Watteau. Un spectacle joué depuis trois saisons et promis à un bel avenir. Ainsi, au lieu des traditionnels dessins animés de Walt Disney, la chaîne franco-allemande Arte diffusera le Blanche-Neige de Nogent, demain à 9h45. Une Blanche-Neige moderne qui manie l'aspirateur électrique au lieu du balai et entourée de peu de nains, à l'inverse de l'imaginaire de Walt Disney. « Dans le conte des frères Grimm, ce sont des créatures sans nom, un peu inquiétantes, qui rôdent dans la forêt. Ils ne sont pas du tout infantilisés comme dans la version du dessin animé », explique Nicolas Liautard, le metteur en scène. « Chez nous, ce sont des robots au rôle mineur. L'idée de ce spectacle, c'est de se placer dans la tête de l'enfant qui écoute le conte. Cela donne des images à la frontière entre le rêve et la réalité. J'ai cherché ce flou propre à l'imaginaire enfantin. » Et c'est donc la version nogentaise qui a séduit Arte. Grâce, sans doute, à son statut de « spectacle muet », compréhensible pour les téléspectateurs allemands : « Il y a un peu de musique, mais surtout de longues plages de silence qui ont posé problème à la chaîne. A la télévision, cinq minutes sans son, c'est que le poste ne fonctionne pas ! On nous a donc demandé d'ajouter de la musique. » Cela excepté, les équipes d'Arte ont gardé le spectacle dans son intégralité, tourné en une semaine en avril dernier. Nominé aux Molières 2010, « catégorie jeune public », le spectacle et son metteur en scène ont déjà été repérés par les organisateurs du festival de Salzbourg (Autriche). « C'est une retombée directe de Blanche-Neige, s'enthousiasme Nicolas Liautard. Elle fonctionne comme une vitrine à l'international. C'est l'avantage des spectacles muets, ils s'exportent bien. » Du coup, le metteur en scène, marseillais d'origine mais parisien depuis vingt ans, s'est vu confier l'adaptation du conte d'Andersen : « La Petite Fille aux allumettes ». Encore un spectacle muet que les spectateurs nogentais devraient pouvoir apprécier pour les prochaines fêtes de Noël.


Télérama sortir : 27 janvier 2010

Dans un espace où la blancheur domine, une reine coud, assise. Elle se lève, ouvre un rideau. Un deuxième tableau montre le même personnage dans la position très réaliste d'une femme qui accouche. On connaît la suite de l'histoire : elle meurt en couches, le roi se remarie et la marâtre, jalouse de la beauté de Blanche-Neige, demande à un chasseur de la tuer... Le metteur en scène, Nicolas Liautard, parie sur les images évoquées par ce conte de Grimm pour faire du théâtre "sans texte, un théâtre d'images, de sons, de musiques"... Une succession de tableaux vivants, où le langage du corps, les jeux de lumière, de transparence et la scénographie dans son ensemble créent une féerie intemporelle d'une grande beauté, au rythme lent qui peut dérouter.


Littlematchseller

d'après H.C. Andersen et The Little Match Seller de James Williamson

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Télérama sortir : 31 décembre 2012

Nicolas Liautard offre au sombre conte d'Andersen, La Petite Marchande d'allumettes, un théâtre visuel comme un écrin muet. Un soir de réveillon, une petite fille meurt de faim et de froid dans la rue, dans l'indifférence générale… Entre deux panneaux étroits, l'enfant erre, regarde les ombres des passants impassibles, puis à chaque allumette frottée, une toile en fond de scène se déchire dans un vrombissement de brasier et laisse apparaître ses visions. Trois tableaux révèlent les images d'un quotidien familial ou celles, surréalistes et humoristiques, d'une dinde dansant, pour aboutir à l'hallucination finale : lumières mouvantes, étincelles qui s'éteignent. Avec une grande finesse et une simplicité dans l'évocation du drame, une alternance de pur silence et de création sonore saisissante, cette Littlematchseller est tout à la fois éblouissante et émouvante.


La terrasse : 18 décembre 2012

Nicolas Liautard, directeur de La Nouvelle Compagnie, met en scène une fascinante et poignante Petite marchande d’allumettes.  
Jusqu’au dernier souffle, une sublime Petite marchande d’allumettes
« La petite marchande d’allumettes est pour moi l’une des œuvres populaires les plus dérangeantes du dix-neuvième siècle. Elle dérange tout autant au vingt et unième. La simplicité de sa forme et de sa brièveté me fascinent, sa noirceur me sidère ». Claire sur le papier, l’intention de Nicolas Liautard, devenu en 2010 le directeur artistique de la scène conventionnée de Nogent-sur-Marne, est magnifiée sur le plateau. Cette Petite marchande d’allumettes, librement inspirée du conte d’Andersen, arrimée sur le plan dramaturgique  au film de James Williamson, rend absolument manifeste la maîtrise de ce genre dramatique, celui du théâtre muet, exploré par La Nouvelle Compagnie depuis Le Nez d’après Gogol et Blanche Neige (pièce nommée aux Molières 2010 jeune public). L’argument de cette fable sociale, évocation de la misère enfantine portée à son comble par le portrait de cette petite fille exhalant son dernier souffle dans l’indifférence générale, se prête sans doute mieux qu’aucun autre à ce qui anime en profondeur la démarche du metteur en scène : la représentation de « ce monde où la langue a disparu, de cette catastrophe ultime, celle de la disparition du logos, assurant le partage de l’expérience ».
Une émotion vive
Sans parole – ou presque – mais visuel et sonore, son mode de théâtralisation plastique ouvre un nouvel espace d’expérience conçu pour libérer les puissances de l’imagination. Les devants du plateau resserrés en forme de couloir, figurent avec un réalisme poétique l’endroit où l’héroïne de cette tragédie atemporelle installe à la sauvette son étal. Saisissant, le premier mouvement fait défiler devant elle, sous ses yeux baissés,  une foule d’anonymes pressés, silhouettes en forme d’ombres portées, égocentrées et empoignées par Wagner. Du romantisme allemand à la musique contemporaine, en cinq tableaux, le spectacle, donne aussi à entendre et à voir les visions hallucinées de l’enfant à l’existence déniée et livrée à elle-même. Quand la bâche noire qui ferme l’arrière plan se lève comme un second rideau, fenêtres ouvertes  sur l’intériorité même de cette Littlematchseller, la fertilité inventive du metteur en scène prend par surprise. Le souffle esthétique épouse un pathétique qui, savamment, tient le drame très éloigné de la facilité mélodramatique pour émouvoir vivement.


Pariscope : 2 janvier 2013

Une petite fille meurt de froid et de faim au beau milieu des passants qui se pressent pour leurs derniers achats de fête. Elle vend des allumettes, mais personne ne lui prête attention… Torturée par le temps glacial, elle en craque quelques unes et s’évade ici et là. Entre rêve et réalité, comme spectatrice de son imaginaire, elle assiste à la vie animée des foyers, un monde qui lui est étranger et qu’elle découvre le temps d’une nuit.
Après sa sublime adaptation de Blanche Neige, Nicolas Liautard nous livre une fois de plus, avec cette adaptation du conte d’Andersen, un spectacle de toute beauté.
A partir d’un vieux document, un film de James Williamson de 1902, le metteur en scène nous invite à partager les derniers instants de vie de cette frêle fillette. Ce spectacle, sans paroles, ou presque, incite à la réflexion. Comment peut-on être à ce point aveugle à la détresse et au malheur des autres ? Malgré la noirceur de l’histoire – la petite fille meurt dans l’indifférence – Nicolas Liautard en fait une fable sociale à la portée des plus jeunes dans laquelle il mêle le théâtre, la vidéo et la musique. Une création magnifiquement interprétée par La Nouvelle Compagnie, à voir d’urgence.


Le Misanthrope

Texte de Molière

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Le jdd.fr : 20 mai 2011

Un Misanthrope à la manœuvre
Entre L’Avare et l’Amoureux atrabilaire de Molière, Nicolas Liautard tire une superbe équivalence. Quand la vertu devient le cache-sexe du vice…
Après L’Avare qu’il nous avait donné il y a deux ans, Nicolas Liautard nous propose du même Molière Le Misanthrope. Le pingre et l’atrabilaire appartiennent tous deux à une même classe de personnages. On pourrait les croire symétriques, ils sont en réalité cousins. Le défaut de l’un, son amour névrotique de l’argent, vaut largement la vertu de l’autre, sa pureté et son isolement tout aussi maladifs dans une franchise annoncée sans concessions. En réalité, ils sont tous deux des tyrans. Quand l’un veut s’acheter une jeune épouse, le second veut se l’annexer totalement. Tous deux ne les considèrent que comme leur chose. Cette confrontation des deux personnages de Molière s’oppose à la lecture habituelle et sommaire d’un Harpagon grippe-sou et d’un Alceste ennemi de l’hypocrisie. La vertu n’apparaît plus forcément comme l’envers du vice. Elle devient même son cache-sexe. Elle sert le siège quasi-militaire de Célimène, l’Atrabilaire harcelant sa belle de principes qui sont autant de filets tendus à ses libertés. (…) Sans aucun autre décor que quelques lustres, la mise en scène de Nicolas Liautard pivote autour du seul texte de Molière. Elle fait résonner avec plus de force le procédé que fustige Alceste de « cacher ce qu’on a dans le cœur » et qu’il met finalement mieux qu’un autre à exécution.


Scèneweb.fr : 4 mai 2011

L’éblouissant Misanthrope de Nicolas Liautard
Pourquoi continuer aujourd’hui à monter du Molière alors qu’il n’y a qu’à se baisser pour monter des auteurs contemporains, ancrés dans notre société ? Comment continuer à être transporté par des classiques que l’on connaît par cœur ? Beaucoup de spectateurs préféreront en effet se tourner vers des pièces plus modernes. Ils ont tort. Il est toujours possible de s’émerveiller devant un Molière, même le plus connu, comme Le Misanthrope. C’est le pari que vient de réussir Nicolas Liautard, le directeur artistique de La Scène Watteau. Après avoir monté L’Avare, il s’attaque à l’un des autres monuments de Molière. Sans fioritures, avec simplicité, un sol de cuivre et quelques magnifiques lustres de cristal, il magnifie le plateau. Dès la scène de bal introductive dans laquelle chaque personnage se lance dans quelques pas de danse sur ce parquet cuivré, le sort est jeté. Nicolas Liautard embarque le spectateur dans une esthétique simple, moderne et dépouillée avec comme seul décor l’alexandrin de Molière. Sa direction d’acteur permet à toute la troupe, quelque soit l’importance du rôle, de jouer avec bonheur et intelligence. (...) Voilà un Misanthrope réjouissant, moderne.


Vallée-culture.fr : 18 janvier 2011

Une mise en scène stylée

Multipliant les pampilles de cristal, une dizaine de lustres baroquisants dignes de la Galerie des Glaces descendent des cintres. Au sol, vidé de tout, le plateau du Théâtre Jean Arp, fondu dans un grand rectangle de verre couleur bronze, joue l’effet miroir. A plein. Le décor redoublé, dédoublé est aussi bien décuplé. Toute la complexité du Misanthrope, sans doute la comédie la plus difficile que Molière, déjà souffrant, ait écrite, se trouve ainsi dite et théâtralisée. Simple, efficace, léchée autant qu’imaginative, la scénographie est à l’image de la mise en scène stylée signée Nicolas Liautard. Toutes ces qualités étaient déjà présentes dans son Avare, pièce créée en 2009 où l’on décelait déjà cette propension lumineuse, ici confirmée, à mêler purisme et audace dans un vrai souci de rendre à Molière ce qui est à Molière.


L’Avare

Texte de Molière

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Télérama : 31 janvier 2009 (N°3081)

Le triomphe de la cruauté
Cette lucidité-là, Nicolas Liautard la manifeste dans L'Avare, de Molière, qu'il met brutalement en scène dans un espace de terre nue : un signe radical, d'emblée, de la pingrerie du maître de céans, qui se fiche pas mal de tout decorum. Les comédiens jouent ainsi sur une rude piste de jeu, comme égarée dans le no man's land de la folie d'Harpagon. Car c'est bien une désespérante folie qui meut ce père veuf, prêt à sacrifier ses enfants – et lui-même en même temps ! - à son amour de l'argent. Que l'avarice soit la marque d'une tragédie intérieure, d'un manque absolu, d'une détresse et d'une fragilité comme archaïque, Jean Pol Dubois, décharné et le poil ras, l'incarne magistralement, au milieu d'une jeune troupe brillante et vive (Marc Citti y fait merveille). Et, bizarrement, ce vieil homme rongé par la peur, l'obsession de tout retenir, de ne rien céder même aux fruits de ses entrailles peut encore éprouver le désir de se remarier, mais avec la très jeune femme dont s'est amouraché son fils... Molière n'en est pas à un paradoxe près, lui qui, bien avant Freud, tresse et dé-tresse les écheveaux de l'âme humaine. Quelle cruauté dans ce tableau familial où les générations se haïssent sans se tuer (c'est-à-dire se toucher au moins comme autrefois dans la tragédie grecque), se néantisent froidement, sans plus se voir. Molière est terrible.
Et mystérieux le dernier geste de la pièce intelligemment imaginé par Nicolas Liautard : Harpagon tentant silencieusement de se rapprocher de son fils. Veut-il lui reprendre son argent, lui demander pardon ? On reste sur une énigme. Comme dans tout grand spectacle.


L'humanité : 19 janvier 2009

Nicolas Liautard monte L’Avare, de Molière, dans une scénographie qu’il a conçue de concert avec Damien Caille-Perret.
On connaît la pièce. Je m’épargne de la raconter pour la énième fois, tout en soulignant d’emblée ce que cette mise en scène a de réjouissant, d’inventif, de dynamique. Autour de Jean Pol Dubois, Harpagon d’anthologie (il ferait presque la pige à Michel Bouquet, c’est dire !), on goûte la fraîcheur et la malice d’un équipage (Liautard lui-même et Jean-Yves Broustail, Eddie Chignara, Marc Citti, Nelly Froissart, Lazare Herson-Macarel, Wolfgang Kleinertz, Célia Rosich, Marion Suzanne) bougrement efficient qui enlève rondement le morceau, les doigts dans le nez pour ainsi dire, et cela, paradoxalement, non sans élégance.


Le journal du dimanche : 18 janvier 2009

Il s'agit de Molière et rien que de Molière. Pourtant cet Harpagon-là, s'il fait sourire, suscite davantage l'inquiétude. Jean Pol Dubois, admirable, le joue avare jusque dans l'économie de ses mouvements et de sa vie même. Il l'incarne victime pathétique et presque touchante d'une névrose qui le rend si impitoyablement tyrannique aux autres. Le maître du jeu en réalité, c'est cet argent, ce bel argent que l'on évoque et ne voit jamais, cette puissance virtuelle qui commande à toutes les sujétions et à toutes les solitudes. Car, c'est la réussite de la percutante mise en scène de Nicolas Liautard, la figure de l'avare sort de la farce pour trouver toute sa vérité sociale. Serviteur et prisonnier de sa fortune, il est la première victime de ces liens saccagés et il se révèle définitivement incapable de rejoindre le monde des hommes.


Le figaro : 7 janvier 2009

Un avare drôle et triste à la fois
Nicolas Liautard met en scène le légendaire pingre de Molière. Un spectacle brillant avec Jean Pol Dubois dans le rôle-titre. (...) En chemise noire et pantalon gris foncé, le regard brillant de malice, svelte, fin, Jean Pol Dubois réussit à imposer sa stature dans un rôle souvent interprété dans le passé par les plus grands acteurs. Nous citerons seulement les plus récents : Michel Aumont et Michel Bouquet. Jean Pol Dubois (...) est à leur hauteur. Et sous la houlette d'un chef d'orchestre ambitieux qui se distingue également dans le rôle du laquais d'Harpagon et du valet de Cléante (Nicolas Liautard), la pièce de Molière, jouée pour la première fois à Paris, en 1668, au Théâtre du Palais Royal, par la troupe du Roi, renaît. Si la distribution est très juste dans l'ensemble, on retient surtout la prestation de Lazare Herson-Macarel dans le rôle de Valère, de Marion Suzanne, piquante Frosine et d'Eddie Chignara en Maître Jacques. A la fois cocher et cuisinier de l'avare, il permet une bastonnade épique que ne renierait pas l'auteur (...).


SortirObs

La mise en scène ne prétend pas à l'originalité. Harpagon est un rapiat, Maître Jacques un nigaud, les jeunes premiers sont transis d'amour, Frosine rivalise de roublardise avec La Flèche. Nicolas Liautard manquerait-il d'imagination ? Fichtre non ! Mais il a choisi de s'effacer derrière Molière et on a perdu l'habitude d'une telle discrétion. Marion Suzanne, Eddie Chignara et leurs camarades sont excellents. Quant à Jean Pol Dubois, bouffon et inquiétant, il est comme toujours très étonnant.


La terrasse

Un brillant portrait ascétique de L'Avare (Jean Pol Dubois), tyran ladre dans sa maison que des enfants vifs bousculent de leurs amours. (...) Nicolas Liautard fait la part belle à Éros et Thanatos. Maître Jacques (Eddie Chignara) – à la fois cuisinier et cocher – fait un numéro comique d'enfer. Nicolas Liautard lui-même en valet d'intrigue apporte son grain de ruralité rusée. Une mise à bas enjouée des mesquineries et des refus calculés de jouer le métier de vivre.


Studio théâtre - France inter

Peu de décors, mais des corps de comédiens en harmonie avec la danse des mots et quiproquos qui émaillent l'une des plus grandes pièces de Molière. Si des murs bougent, ce n'est pas sur la scène mais dans nos têtes de spectateurs où, entre la poésie de Molière et nos expériences d'êtres vivants aujourd'hui, se créent de nouvelles perspectives, à jamais mouvantes. Un rectangle vert émeraude entouré de sable, une chaise comme unique accessoire. Par sa mise en scène Nicolas Liautard va au cœur même de la qualité principale de l'œuvre de Molière : son intemporalité.


Pariscope : 21 janvier 2009

N'y allons pas par quatre chemins et applaudissons bien fort, et sans réserve, le remarquable travail qu'a accompli Nicolas Liautard sur ce classique. Le metteur en scène joue astucieusement de l'ambiguïté comique du théâtre de Molière pour nous donner une lecture sombre et grave de la pièce. Il nous entraine avec talent sur l'exigent chemin d'un comique retenu confiné au tragique. (...) Magistral Avare qui nous fait voir la comédie sous un tout autre jour. Une pièce qu'il serait bien dommage de manquer.


Valeurs actuelles : 15 janvier 2009

Nicolas Liautard sert le texte avec loyauté. Il fait fond sur une troupe solide, en particulier sur l'étonnant Jean Pol Dubois, Harpagon tantôt grotesque, tantôt sinistre. Voilà un spectacle populaire, accessible à tous, y compris aux jeunes à qui Molière n'est pas familier. Plutôt que de projeter à leurs élèves l'abominable film de Jean Girault et Louis de Funès, les profs de lettres seraient bien inspirés de les envoyer à Ivry.


Evene.fr

De larcins en malédictions, de méprise en facéties, la mise en scène de Nicolas Liautard redonne ici toute sa fraîcheur à la farce de Molière (...) Une adaptation corrosive, où sourdent les désirs mêlés de l'argent et de la mort, où la piété côtoie la perversité et la bouffonnerie, le drame.


Le mague journal

L'Avare s'offre une nouvelle jeunesse. Après l'excellent Amerika, Nicolas Liautard nous propose une réjouissante adaptation d'une des pièces cultes du roi du théâtre classique. Une pièce très habilement mise en scène et propulsée par d'excellents comédiens.


Le Nez

Texte de Nicolas Gogol

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Le parisien : 26 mars 2008

Une mise en scène qui a du flair
La première mise en scène de Nicolas Liautard, à destination du jeune public, est une jolie réussite. Marqué par Le Nez de Gogol durant son enfance, il en a fait une belle création, riche d’une voix off fascinante et de comédiens qui excellent dans le mime. Dans une ambiance intimiste, on assiste à la déconvenue d’un homme qui se réveille sans son nez et qui part à sa recherche. S’ensuivent des situations et des dialogues absurdes, drôles et captivants.


Télérama sortir : 26 mars 2008

De petites lumières disséminées tout autour de la scène contribuent à l’ambiance intimiste que crée la voix off racontant l’histoire absurde d’un homme qui a perdu son nez et qui part à sa recherche. Avec ce texte de Gogol, Nicolas Liautard signe sa première mise en scène jeune public. Un choix prometteur.


Amerika

Texte de Franz Kafka

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Ecouter, voir - France info : 11 février 2007

L'Amérique d'après Kafka à Nogent sur Marne
Le metteur en scène Nicolas Liautard relève un défi à Nogent sur Marne à La Scène Watteau en créant une pièce de théâtre à partir des dialogues du roman que Kafka écrit en 1912 : L'Amérique. 12 comédiens tous excellents, notamment Lazare Herson-Macarel, âgé de 19 ans qui incarne avec maturité et grâce le personnage principal du roman, Karl Rossmann. Et puis le bonheur de cette pièce, c'est sa lecture et sa vision à travers une scénographie de bandes blanches qui délimitent 30 lieux du roman sur la scène, comme dans le film de Lars Von Trier, Dogville.


Sur scènes - France culture : 12 février 2007

Ce spectacle très réussi, et qui m’a donné l’envie d’organiser cette émission spéciale Kafka, un spectacle adapté du roman L’Amérique, intitulé Amerika et présenté à La Scène Watteau de Nogent sur Marne. Sur le plateau, onze acteurs et plus avec les figurants. Trois heures de représentation. Un sacré moment de théâtre.


Le figaro : 15 février 2007

Une remarquable transposition
Nicolas Liautard, qui signe la mise en scène remarquable de cette transposition du livre de Franz Kafka, L'Amérique, s'était fait connaître par le théâtre universitaire. En découvrant ce travail d'une grande rigueur et d'une sensibilité profonde, porté par une excellente traduction-adaptation par Wolfgang Pissors et Nicolas Liautard lui-même qui signe également la scénographie simple (marquage au sol, utilisation des cintres, lumières de Bruno Rudtmann), on retrouve toutes ses qualités. Le jeune homme a depuis choisi Blanchot, Gogol, Sophocle. Il travaille à La Scène Watteau de Nogent-sur-Marne, lieu d'excellence qui soutient les compagnies nouvelles, depuis 2002 et y est depuis la rentrée, directeur artistique. En trois séquences de cinquante minutes, il nous conduit d'Allemagne aux États-Unis, sur le chemin de Karl Rossmann, chassé par ses parents parce qu'il a engrossé une bonne très entreprenante. À 16 ans à peine, Karl doit affronter le monde. Du paquebot au Théâtre de l'Oklahoma en passant par la route, la rue, l'hôtel, Kafka, qui a écrit Der Verschollene en 1912, tient plusieurs fils : le politique, le visionnaire, le sarcastique. C'est une épopée un peu farcesque où le tragique fait rire, où les méchants sont légion, mais où la bonté et la pureté apparaissent aussi, en scènes miraculeuses. Le spectacle est remarquable, fluide, vif, précis, fidèle. Ayant réuni un ensemble de comédiens excellents, générations et horizons divers, troupe homogène très bien dirigée, Nicolas Liautard nous révèle un prodige de jeune interprète : Lazare Herson-Macarel, 19 ans, est Karl. Impressionnant par sa liberté, son audace, sa vérité. Ses camarades sont épatants : Jean-Yves Broustail, Eddie Chignara, Marion Suzanne, Jean Pol Dubois, Michèle Foucher, Stanislas Stanic, Jean-Christophe Herbeth, Jürg Häring, Célia Rosich, Wolfgang Kleinertz.


Le parisien : 8 février 2007

Nogent : l’œuvre inachevée de Kafka sur les planches
Un vaste travail d’une grande qualité, qui happe le spectateur dans l’univers kafkaïen (…) une traduction du texte de Kafka rétablissant les imperfections de la langue (…) servie par quelque 17 comédiens de talent, Amerika est une succession de tableaux et de situations hautes en couleur.


Un mari idéal - France musique : 7 juin 2008

Le spectacle a d’immenses vertus. Il montre combien une fiction signée Kafka – lequel n’a jamais franchi l’Atlantique – combien une telle fiction est plus clairvoyante que n’importe quel reportage. (…) Décor laconique, costumes, gestuelles et jeux des personnages : l’adaptation et la mise en scène de Nicolas Liautard nous plonge – avec le plus kafkaïen des humours noirs – dans la mondialisation d’un capitalisme rebaptisé « libéralisme », roublardise de langage dont Kafka rirait jaune s’il revenait parmi nous.


LaTribune.fr : 17 juin 2008

Illusions perdues
La mise en scène de Nicolas Liautard, très photographique, privilégie les mouvements de va-et-vient pour bien montrer l’ébullition menaçante de cette Amérique en proie à une frénésie industrielle. Et les jeux de lumières, les postures des personnages et les costumes concourent à la réussite de ce spectacle à la vigueur salutaire.


Visioscène : 14 juin 2008

Kafka aux pays des merveilles
(…) Un travail magnifique ! L’adaptation est remarquable (…) Le rythme est maîtrisé, la dynamique exigeante, le tout réglé comme du papier à musique. La mise en scène et la scénographie de Nicolas Liautard vont de paire et nous offrent des images d’un esthétisme rare. (…) Les comédiens sont saisissants, ils interprètent les différents rôles avec précision et justesse, alternant avec brio les différents codes de jeu. Amerika est une invitation au voyage rare – un voyage sur cette sombre intimité de l’homme. C’est aussi un de ces rares spectacles qui nous marque par sa qualité et son aura – mémorable !


Les trois coups : 24 juin 2008

Un grand vent d’Amérique souffle sur La Tempête
Trois heures de spectacles, deux entractes, et l’espace quasi vide du grand plateau de La Tempête. Décidément Nicolas Liautard ne fait pas les choses à moitié. Son projet peut effrayer dans un premier temps. Mais la virtuosité de son travail emmène le spectateur dans un tourbillon tellement jubilatoire qu’au final on reprendrait bien une heure ou deux de son Amerika.